Christina Kimeze (2023)
Inside the White Cube
Christina Kimeze
Autre chose que ce que le monde peut connaître
9 Juin – 27 Juillet 2023
Date
9 Juin – 27 Juillet 2023
White Cube Paris est heureux de présenter Autre chose que ce que le monde peut connaître, la première exposition de Christina Kimeze en France. À travers des peintures et des œuvres sur papier, Christina Kimeze donne forme à la riche quiétude de nos vies intérieures, dans des œuvres qui expriment des sentiments et des sensations nés de la mémoire et rencontrés au cours de réflexions.
Les peintures de Christina Kimeze atteignent une plénitude qui transcende le récit unique. Ses protagonistes, des femmes, souvent représentées dans des cadres de feuilles richement colorés, se caractérisent par un calme que l'artiste décrit comme « un état actif au grand potentiel ». Cette notion d'ouverture, non seulement de l'interprétation mais aussi du potentiel, puise dans les écrits de Kevin Quashie, en particulier La souveraineté du recueillement : au-delà de la résistance dans la culture noire, publié en 2012, dont de nombreux tableaux de l'exposition tirent leur titre.
Émergeant ou se retirant, les femmes que l'on voit dans les œuvres de Christina Kimeze occupent un espace de seuils (rideaux, cloisons, voûtes verdoyantes, escaliers), des motifs privilégiés qui permettent de dissimuler ou de révéler la présence des personnages. En partie voilées par leur environnement et dotées d'une qualité éthérée, ses protagonistes sont emblématiques et relationnelles, se composant de diverses identités inspirées de sa famille et d'amis ou modelées selon sa propre forme, mais tout autant le produit de recoins de sa mémoire. Ensemble, les peintures Quiet et Something other than the world might know (toutes deux de 2023) semblent résumer les notions principales de l'exposition. La première présente une femme posée, de grands rideaux dorés de chaque côté. Elle semble réservée, retirée dans ses pensées. La seconde, qui donne son titre à l'exposition, nous montre un autre personnage féminin, également dans des tons violet régalien, présentant une offrande, ou peut-être servant, tenant avec légèreté un plateau en hauteur. Ces peintures peuvent être interprétées comme deux aspects de nous-mêmes qui définissent ce que signifie être humain : le besoin de prendre soin de notre monde intérieur, de le protéger, tout en souhaitant le mettre au service d'autrui.
Exécutées avec des techniques sèches et humides dont de la peinture à l'huile, des bâtonnets à l'huile et des pastels doux appliqués sur des panneaux de daim – un support dont le moelleux et la texture cèdent à la peinture et aux pastels –, ses peintures lumineuses ont une surface poudreuse et trouble ainsi qu'une présence tactile et physique. Par ce procédé artistique unique, qui consiste à frotter et écraser le pigment dans la couche de préparation, Christina Kimeze crée un palimpseste délicat de traces qui révèlent l'évolution de sa main. « Je pense que l'ambivalence et l'ambiguïté sont un clin d'œil à l'intériorité et à “ une satisfaction du caprice ”, un lieu souverain qui n'est pas toujours lisible », déclare Christina Kimeze. « J'y fais référence dans mon travail en répétant des motifs, des formes et en faisant des marques pour négocier ces espaces qui ne sont pas toujours figuratifs mais plutôt évocateurs. »
La forme courbe d'un escalier est une métaphore importante pour Christina Kimeze, symbolisant le passage d'une identité personnelle à une autre. C'est le sujet de plusieurs peintures de l'exposition, dont quatre œuvres distinctes mais liées, I dwell in possibility I, II, III et IV (toutes de 2023), dans lesquelles la silhouette représentée dans chacune monte ou descend un escalier en colimaçon. Ces images, qui se font écho entre elles, évoquent l'exploration de l'identité et de l'isolement représenté par Frank Bowling dans son œuvre emblématique Mirror (1964-66), où il apparaît à la fois en bas et en haut d'un escalier en colimaçon. Le mouvement dynamique que l'on trouve dans les peintures de Christina Kimeze pourrait tout aussi bien rappeler la compression du mouvement dans le fameux chef-d’œuvre moderne Nu descendant un escalier (n°2) (1912) de Marcel Duchamp. Dans trois grands tableaux, Christina Kimeze nous montre un personnage allongé, suggérant une tradition européenne classique de personnages littéraires tels qu'Ophélie représentée à sa mort. Immobiles, quelque part entre les mondes, ces silhouettes ont une présence fantomatique, couronnées et protégées par des voûtes d'arbres.
Mettant à profit une grande panoplie littéraire, y compris des écrits et poèmes contemporains d'Elizabeth Alexander, de Victoria Adukwei Bulley et de Saidiya Hartman, Kimeze fait aussi référence à un long patrimoine d'auteurs Noires féministes du 20e siècle, en particulier à l'œuvre de Toni Morrison, de Marita Bonner et de la poète Gwendolyn Brooks. Le roman phare de Brooks Maud Martha (1953) est particulièrement important pour son concept d'une vie interne prenant la forme d'un intérieur botanique, une idée que l'on retrouve dans les poèmes d'Emily Dickinson. Dans ses plus petits tableaux individuels sur bois, Christina Kimeze explore ces notions en utilisant le musa acuminata, une espèce de bananier, et sa couverture de feuilles reconnaissable à ses arcs dans un jaune semi-transparent gorgé de soleil. Dominant presque toute la composition de chaque tableau, les feuilles sont schématisées tirant sur une forme expressive d'abstraction. Sujet récurrent de la peinture de Christina Kimeze, le musa acuminata renvoie aux récits coloniaux et personnels, lié aux mouvements de la tribu Baganda en Ouganda à laquelle appartient la famille de l'artiste et qui a voyagé avec des missionnaires chrétiens européens à travers l'Afrique, plantant cette espèce en chemin.
La pratique de l'artiste se fonde sur la notion d'appartenance et du « chez soi » dans le sens d'une condition plutôt qu'un lieu particulier, ancrée dans son patrimoine africain et les souvenirs collectifs familiaux : « Les œuvres me sont profondément personnelles », commente Christina Kimeze. « [Elles] font partie d'une nouvelle exploration de la notion de vivre entre deux espaces émotionnels et les sentiments “ d'altérité ” qui s'en émanent. »
Christina Kimeze vit et travaille à Londres. Elle détient une licence en sciences naturelles de l'Université d'Oxford et un diplôme de troisième cycle de la Royal Drawing School à Londres. Christina Kimeze utilise des supports en matériaux inhabituels, qui constituent une grande partie de sa pratique, pour explorer la manière dont les textures et la luminosité permettent d'examiner les thèmes de l'intériorité, de l'unité et de l'appartenance. Travaillant souvent sur des panneaux de daim, elle unit les craies sèches, les pastels à l'huile et les peintures humides, les appliquant et les écrasant sur les surfaces. Christina Kimeze vient de terminer une résidence au Palazzo Monti à Brescia en Italie. Elle a participé à plusieurs expositions collectives, dont au Palazzo Monti à Brescia et au Borgo Pignano Royal Drawing School à Volterra en Italie (2022), à la galerie Michael Werner (2022) et à Buckingham Palace à Londres (2022). En 2022, elle a reçu le prix Sir Denis Mahon.
Featured Works
‘Inside the White Cube’ is a series of exhibitions showcasing work by non-represented artists at the forefront of global developments in contemporary art who have not previously exhibited with the gallery.
Launched in 2011 at White Cube Bermondsey in London, the programme has since expanded to the gallery’s other locations.
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